Moins de cirrus dans les régions avec forte réduction du trafic aérien suite à la pandémie de la Covid-19


Les observations par satellite faites avant et pendant la période de forte réduction du trafic aérien déclenchée par la pandémie de la Covid-19, confirment l’influence sur le réchauffement des cirrus induits par l’aviation.

Des scientifiques de l’Université de Leipzig, d’Imperial College London et de l’Institut Pierre-Simon Laplace à Paris, ont étudié la quantité de nuages fins de haute altitude (cirrus) dans les régions qui ont connu une forte réduction du trafic aérien au printemps 2020 par rapport aux années précédentes.

Selon Johannes Quaas, auteur principal de l’étude : “La pandémie de Covid-19 a été une opportunité sans précédent pour comparer la nébulosité dans les couloirs aériens soumis à des niveaux très différents de trafic. Nous y avons constaté une réduction de 9% de la couverture de cirrus et une réduction de 2% de leur opacité.”

L’étude montre clairement que les traînées de condensation formées par les avions entraînent la formation de cirrus supplémentaires.

Edward Gryspeerdt explique : “Nous avons pu utiliser l’observation satellitaire pour mesurer   le changement au niveau des cirrus pendant la période de confinement et l’attribuer au trafic aérien grâce à une compilation précise des trajectoires des avions avant et pendant la pandémie de la Covid-19.”

Robert Vautard ajoute qu’ “en utilisant la méthode des “analogues de circulation”, nous avons comparé les conditions météorologiques de la période mars à mai 2020 à des conditions similaires rencontrées les années précédentes, ce qui a permis d’obtenir une signature claire du trafic aérien dans les observations des nuages.”

L’étude pourrait a permis de quantifier l’impact radiatif des cirrus induits par les traînées de condensation à partir des observations. Olivier Boucher indique que “cette nouvelle estimation obtenue par l’observation est un peu plus faible que les précédentes estimations qui reposaient uniquement sur des modèles atmosphériques. Elle constituera un point de repère pour comparer les futurs modèles.”

Le reroutage de certains vols est une mesure envisageable pour éviter la formation de trainées de condensation et réduire ainsi l’impact de l’aviation sur le climat. Cette étude aidera à quantifier les bénéfices attendus d’une telle mesure.

 

Traînée d’avion linéaire, appelée « cirrus homogenitus / cirrus homogènes » dans l’édition 2017 de l’atlas des nuages de l’Organisation Météorologique Mondiale. Les traînées d’avion peuvent s’étendre au point de former des cirrus. La réduction du trafic aérien associé à la Covid-19 a offert une occasion unique de quantifier l’ampleur de cet effet. Photo @ Johannes Quaas

 

Référence : Climat impact of aircraft-induced cirrus assessed from satellite observations before and during Covid-19. Johannes Quaas, Edward Gryspeerdt, Robert Vautard and Olivier Boucher. Environmental Research Letters, published June 2, 2021 – https://doi.org/10.1088/1748-9326/abf686

Contacts :

Olivier Boucher – Institut Pierre-Simon Laplace, France –

Robert Vautard – Institut Pierre-Simon Laplace, France –

Olivier Boucher et Robert Vautard


Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL)

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Coraline Leseurre

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Coraline Leseurre, qu’est-ce qui vous a mené en thèse de doctorat ? Après avoir eu mon Bac S, c’est par hasard en dernière année de licence (L3) de chimie à l’Université Pierre et Marie Curie, que j’ai choisi l’option sciences de l’atmosphère et de l’océan. En fin de licence, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer un stage de 6 mois au LOCEAN-IPSL sur des données océanographiques. Je suis ensuite partie à l’Institut Universitaire Européen de la Mer à Brest pour faire un master en chimie marine. J’ai complété ma formation à l’université d’Aix-Marseille en rejoignant le M2 d’Océanographie Physique et Biogéochimie. Pendant ces trois années, j’y ai fait 3 stages de master au LOCEAN-IPSL avec Claire Lo Monaco et Gilles Reverdin et, par la même occasion, mes premières campagnes en mer. En 2019, j’ai débuté ma thèse de doctorat sur les mécanismes de contrôle de l’absorption de CO2 anthropique et de l’acidification des eaux dans les océans Atlantique-Nord et Austral, au LOCEAN sous la direction de Gilles Reverdin et Claire Lo Monaco. Coraline Leseurre, en arrière plan le Marion Dufresne @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   En quoi consiste votre travail ? Je suis impliquée dans deux programmes d’observation français : SURATLANT (SURveillance de l’ATLANTique) et OISO (Océan Indien Service d’Observation). SURATLANT (dirigé par Gilles Reverdin depuis sa création en 1993) a  initié l’échantillonnage des propriétés hydrologiques et biogéochimiques dans les eaux de surface de l’océan Atlantique-Nord et un suivi particulier sur la salinité de surface, afin d’améliorer la compréhension de son rôle sur la variabilité et la prévisibilité du climat et du cycle de l’eau. Dans ce but, deux à quatre transits sont réalisés par an, entre Reykjavik (Islande) et Terre-Neuve (Canada) à bord de navires marchands. OISO (créé en 1997 et dirigé par Claire Lo Monaco) a pour but de maintenir l’observation de l’évolution des propriétés océaniques et atmosphériques liées au cycle du carbone dans l’océan Indien Sud et Austral. Une à deux campagnes sont réalisées par an entre La Réunion et les Terres Australes et Antarctiques Françaises, à bord du navire Marion Dufresne. Mon travail consiste donc à mesurer et traiter différents paramètres liés au cycle du carbone, échantillonnés lors de campagnes en mer. Je m’intéresse plus particulièrement à leurs évolutions dans le temps au travers de ces deux services d’observation, en surface et dans la colonne d’eau. J’ai d’ailleurs participé à la mission internationale SWINGS de janvier à mars 2021, dont le but était de mieux comprendre la séquestration du CO2 atmosphérique dans l’océan. Parallèlement à ma thèse, depuis un an et pour une durée de 3 ans, j’enseigne à des Licences (L1 et L3) et des Master. J’assure au minimum 64h de cours par an et souvent en binôme avec Céline Ridame (enseignante-chercheure au LOCEAN-IPSL) dans le cadre de cours/TD de biogéochimie marine. Cette année, j’ai principalement été responsable de TD sur l’orientation et l’insertion professionnelle (en L1 et L3), en conseillant les étudiants dans le choix de leur licence et master, dans la rédaction de leur CV et lettre de motivation pour candidater à des stages.   Pourquoi la recherche ? Une évidence, le hasard ? Bien que n’étant pas issue d’une famille de scientifiques, j’ai toujours été très intéressée par la science en général et par la découverte, l’aventure. Il fallait que je tombe dedans de toute façon, c’est fait ! Plus les années passent, plus je me dis que c’est une évidence !   Votre métier en trois mots Observation : le but des campagnes en mer est d’obtenir des données pour observer Interprétation : regrouper les données, comprendre les mécanismes Transmission : partager mes recherches dans des publications scientifiques, échanger à l’occasion de colloques et conférences, participer à des actions scolaires et grand public comme la Fête de la Science   Si votre travail était un objet, ce serait quoi ? Sans hésiter, un échantillon d’eau de mer, qui provient de l’eau récupérée dans les bouteilles Niskin sur la rosette. C’est le point de départ de tout mon travail, de mes études sur le CO2. Pour le commun des mortels, il n’y a que de l’eau dans un flacon. Pour nous, océanographes, ce flacon est la plus précieuse des ressources. D’ailleurs, le plus beau des cadeaux que j’ai pu recevoir lors de mes campagnes, c’est un échantillon d’eau de mer profonde (5 800 m, cette année sur SWINGS). La rosette et ses bouteilles Niskin d’où les échantillons d’eau seront prélevés @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Prélèvement de l’échantillon d’eau sur la rosette @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Les fameux échantillons @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Une anecdote de campagne Cette année sur SWINGS : réveillée à 3 h du matin par la sonnerie de mon téléphone de cabine puis par des coups tambourinés à la porte « Coralineeeee ! Habille-toi ! Sors maintenant ! Aurores Australes ». Le plus beau des réveils ! Aurores australes @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Comment voyez-vous votre avenir après la thèse ? Après obtention de mon doctorat, normalement en 2022, j’aimerais continuer à travailler dans le même domaine de recherche en tant que post-doctorante pendant environ 5 ans, de façon à approfondir les résultats de mes recherches et à en découvrir de nouveaux, faire de nouvelles rencontres scientifiques, en France ou ailleurs. Etant donné mon attrait pour l’enseignement, d’ici à 10 ans je souhaiterais être enseignante-chercheure, même si je sais que les postes ne sont pas nombreux. Si je ne trouve pas de poste, je pourrais devenir ingénieure pour continuer à évoluer dans la recherche. Sinon, étant donné que j’adore l’enseignement et partager avec les jeunes, j’irais volontiers travailler en collège ou en lycée comme professeur de Physique Chimie.   Votre mot de la fin J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours d’étudiante de côtoyer tôt l’océanographie depuis mon stage de L3. Tous les étudiants n’ont pas cette opportunité et, cumuler 5 grandes campagnes en mer en seconde année de thèse est très rare. J’ai aussi eu la chance de pouvoir débarquer sur Crozet et Kerguelen et de voir d’autres îles subantarctiques et polaires comme Heard. J’en suis vraiment heureuse ! Débarquement du Marion Dufresne en direction de l’archipel Crozet @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Au large de l’île subantarctique australienne Heard @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Contact : ICom, service de communication IPSL,