Version 2021 de la base internationale SOCAT de CO2 océanique


La dernière version de la base internationale de données SOCAT (Surface Ocean CO2 atlas, www.socat.info) a été rendue publique le 15 Juin 2021.

Cette base, qui rassemble plus de 32 millions d’observations du dioxyde de carbone dans les eaux de surface de l’océan mondial, est le fruit d’une collaboration internationale initiée en 2007 et à laquelle participe le Laboratoire d’océanographie et du climat : expérimentation et approches numériques (LOCEAN/IPSL/OSU Ecce Terra, SU/CNRS/MNHN/IRD).

L’océan, par sa capacité à absorber chaque année environ 25% des émissions anthropiques de CO2 et plus de 90% de la chaleur en excès, joue un rôle crucial pour réguler le changement climatique. Sur environ 700 PgC (Peta-gramme de Carbone) injectés par les activités humaines depuis 1750, on estime que l’océan en a absorbé 170 PgC, limitant l’impact des émissions de CO2 anthropique sur le changement climatique.

Sans ce puits de carbone océanique, la concentration de CO2 dans l’atmosphère serait aujourd’hui d’environ 495 ppm contre 412.5 ppm observée en moyenne globale en 2020. En 2020, et malgré la diminution ponctuelle d’émissions de CO2 liée au COVID-19 (de l’ordre de 4-7 %), le CO2 atmosphérique a continué son inexorable augmentation, +2.5 ppm en 2020, soit du même ordre que sur la décennie 2010-2019.

Dans le contexte du changement climatique présent et futur, il faut évaluer avec précision chaque année le bilan de carbone global. Pour cela nous disposons des inventaires sur les émissions anthropiques et l’utilisation de sols, des mesures atmosphériques (taux d’accroissement de CO2), et des observations océaniques (échanges air-mer). Le rôle du compartiment continental étant évalué à partir de modèles ou la part résiduelle des échanges quantifiés entre les autres compartiments.

Une autre conséquence directe des émissions de CO2 et de son absorption par les océans conduit au phénomène d’acidification (diminution du pH), qui est maintenant bien observé dans toutes les zones océaniques, en particulier via la base SOCAT. Toutefois, les impacts de l’acidification sur les écosystèmes marins restent à évaluer. Aussi le pH et l’acidification des océans, est maintenant reconnu, au même titre que la température ou le niveau de la mer, comme une des 7 variables témoin du changement global (Global Climate Indicator, WMO/GCOS, 2018 ; Ocean Monitoring Indicators, CMEMS, 2020).

Dans ce contexte, il est important de suivre d’année en année le puits de carbone océanique global. Pour cela il est nécessaire de disposer d’observations de CO2 océanique précises et, si possible, dans tous les secteurs océaniques et à différentes saisons, car le cycle du carbone océanique est très variable, dans le temps et l’espace, et suivant que l’on se trouve dans les zones au large ou zones côtières. Tel est l’objectif de la base de données SOCAT de CO2 océanique, initiée lors d’un workshop à Paris et régulièrement actualisée depuis 2011. Faisant suite aux précédentes versions, et ce malgré la déprogrammation de nombreux projets et campagnes océanographiques en raison du COVID-19, la base SOCAT s’est enrichie cette année d’environ 2 millions de nouvelles données qualifiées provenant de 365 campagnes océanographiques, navires d’opportunité, ou capteurs sur mouillages (Figure 1).

 

Figure 1. À gauche : Distribution des nouvelles observations de fugacité du CO2 (fCO2, µatm) à la surface de l’océan intégrées cette année dans la base SOCAT-v2021 (principalement pour la période 2018-2020). Dans l’océan Atlantique et l’océan Austral on reconnait la trace de la navigation d’un voilier ayant participé à la course du Vendée Globe (Sea-Explorer, skipper Boris Herrmann). À droite : L’ensemble des données SOCAT sur la période 1957-2020. Les carrés symbolisent les capteurs de CO2 sur des mouillages. Le niveau de CO2 dans l’atmosphère étant d’environ 410 ppm aujourd’hui, les zones en bleu-vert (resp. jaune-orange-rouge) indiquent que l’océan agit en qualité de puits de CO2 (resp. source). D. R.

 

À noter l’absence d’observations récentes dans certains secteurs, notamment le Pacifique Sud et l’océan Indien, ce qui nécessite d’élaborer des modèles d’extrapolation pour évaluer les échanges air-mer de CO2 à grande échelle et estimer le puits de carbone océanique intégré à l’échelle global (Figure 2) ou déterminer l’évolution du pH (acidification) dans l’océan global (Figure 3).

On notera en particulier, comme annoncé l’an dernier, les précieux enregistrements réalisés à bord de voiliers participant à la course du Vendée Globe (IMOCA Sea-Explorer, skipper Boris Herrmann), ainsi que de nouvelles données de capteur embarqué dans l’océan Austral sur un « Sail-Drone ».

Depuis la première version de 2011 qui rassemblait 6.3 millions de données, SOCAT contient à ce jour près de 32.6 millions d’observations in-situ de la fugacité de CO2 dans les eaux de surface de l’océan global et zones côtières, couvrant la période 1957-2020. Outre les données originales accessibles en ligne et accompagnées des commentaires d’évaluation, la base propose également des produits grillés à différentes résolutions pour l’océan ouvert et côtier, pouvant être utilisés pour construire des climatologies, initialiser et valider les modèles biogéochimiques de l’océan et les modèles couplés climat/carbone (CMIP6) ou contraindre les modèles d’inversions atmosphériques.

Un outil de visualisation interactif (LAS Data viewer) permet un accès aisé aux données, dont l’extraction peut se faire par région, période, navire ou plateforme (bouées ou mouillages). Les codes de lecture Matlab des fichiers de données et produits grillés, ainsi que le format ODV (Ocean Data View, https://odv.awi.de/) sont également accessibles en ligne.

Cette base a été mise à profit dans plus de 350 publications et nombreux rapports internationaux (www.socat.info/publications.html), dans le cadre d’études sur les échanges air-mer de CO2 aux échelles régionales ou globale, sur l’absorption de CO2 anthropique et l’acidification des océans, ou l’évaluation de modèles biogéochimiques de l’océan et modèles couplés climat/carbone. En particulier :

  • Elle est référencée dans les rapports du GIEC.
  • Elle sert de support aux estimations annuelles du bilan de carbone planétaire (Figure 2, globalcarbonproject.org) et des rapports annuels sur le climat.

Figure 2. Le puits de carbone océanique global évalué sur la période 1959-2019 à partir de modèles océaniques (modèles individuels en vert, moyenne ligne noire et incertitude en grisé) ou de méthodes de reconstructions basées sur la base SOCAT (en cyan). Source : Global Carbon Project (Friedlingstein et al., 2020). Les modèles, comme les méthodes basées sur les observations, montrent que le puits de carbone océanique augmente. À noter que les observations suggèrent l’existence d’une variabilité interannuelle prononcée, non résolue par les modèles. D. R.

  • Elle est exploitée pour mieux évaluer et comprendre les variations saisonnières à décennales du puits de carbone océanique dans l’océan ouvert, les zones côtières ou en Méditerranée.
  • Elle permet d’évaluer l’évolution de l’acidification des océans. (Figure 3).

Figure 3. Évolution du pH dans l’Océan Global reconstruit à partir des données de la base SOCAT à l’aide du modèle Neural-Network du LSCE/IPSL (Chau et al., 2020). Sur la période 1985-2019, le pH diminue en moyenne, traduisant le phénomène d’acidification des océans. Source CMEMS (https://marine.copernicus.eu/access-data/ocean-monitoring-indicators). D. R.

  • Elle est utilisée pour valider les reconstructions des concentrations de CO2 océaniques dérivées de flotteurs autonomes Bio-ARGO).
  • Elle sert de base de travail pour de nouveaux projets internationaux (projet SOCONET, aoml.noaa.gov/ocd/gcc/SOCONET/).
  • Les données SOCAT sont intégrées à la base GOA-ON (Global Ocean Acidification Observing Network, goa-on.org).

Le laboratoire LOCEAN de l’IPSL alimente régulièrement cette base (observatoires SO/OISO, PIRATA, SSS, Bouée Boussole/Dyfamed), contribue au contrôle de qualité des données, et participe à la coordination des groupes Global et régionaux (océans Atlantique Tropical, Indien et Austral). Le projet SOCAT est coordonné par Dorothee Bakker (Université d’East Anglia, Royaume-Uni). Il a été et est soutenu par des programmes internationaux (SOLAS, IMBER, IOCCP, ICOS), européens (Carboocean, CarboChange, Atlantos) et nombreux instituts nationaux.

Contact

Nicolas Metzl, LOCEAN/IPSL, 01 44 27 33 94 – 06 77 47 72 48 –

 

Références

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Bakker, D., S. Alin, R. Castaño-Primo, M. Cronin, T. Gkrizalis, A. Kozyr, S. Lauvset, N. Metzl, D. Munro, S. Nakaoka, K. O’Brien, A. Olsen, A. Omar, B. Pfeil, D. Pierrot, C. Rodriguez, T. Steinhoff, A. Sutton, B. Tilbrook, R. Wanninkhof, A. Willstrand, and all >100 SOCAT contributors, 2021b. SOCAT version 2021 for quantification of ocean CO2 uptake. Poster available online socat.info

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Nicolas Metzl


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Coraline Leseurre

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Coraline Leseurre, qu’est-ce qui vous a mené en thèse de doctorat ? Après avoir eu mon Bac S, c’est par hasard en dernière année de licence (L3) de chimie à l’Université Pierre et Marie Curie, que j’ai choisi l’option sciences de l’atmosphère et de l’océan. En fin de licence, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer un stage de 6 mois au LOCEAN-IPSL sur des données océanographiques. Je suis ensuite partie à l’Institut Universitaire Européen de la Mer à Brest pour faire un master en chimie marine. J’ai complété ma formation à l’université d’Aix-Marseille en rejoignant le M2 d’Océanographie Physique et Biogéochimie. Pendant ces trois années, j’y ai fait 3 stages de master au LOCEAN-IPSL avec Claire Lo Monaco et Gilles Reverdin et, par la même occasion, mes premières campagnes en mer. En 2019, j’ai débuté ma thèse de doctorat sur les mécanismes de contrôle de l’absorption de CO2 anthropique et de l’acidification des eaux dans les océans Atlantique-Nord et Austral, au LOCEAN sous la direction de Gilles Reverdin et Claire Lo Monaco. Coraline Leseurre, en arrière plan le Marion Dufresne @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   En quoi consiste votre travail ? Je suis impliquée dans deux programmes d’observation français : SURATLANT (SURveillance de l’ATLANTique) et OISO (Océan Indien Service d’Observation). SURATLANT (dirigé par Gilles Reverdin depuis sa création en 1993) a  initié l’échantillonnage des propriétés hydrologiques et biogéochimiques dans les eaux de surface de l’océan Atlantique-Nord et un suivi particulier sur la salinité de surface, afin d’améliorer la compréhension de son rôle sur la variabilité et la prévisibilité du climat et du cycle de l’eau. Dans ce but, deux à quatre transits sont réalisés par an, entre Reykjavik (Islande) et Terre-Neuve (Canada) à bord de navires marchands. OISO (créé en 1997 et dirigé par Claire Lo Monaco) a pour but de maintenir l’observation de l’évolution des propriétés océaniques et atmosphériques liées au cycle du carbone dans l’océan Indien Sud et Austral. Une à deux campagnes sont réalisées par an entre La Réunion et les Terres Australes et Antarctiques Françaises, à bord du navire Marion Dufresne. Mon travail consiste donc à mesurer et traiter différents paramètres liés au cycle du carbone, échantillonnés lors de campagnes en mer. Je m’intéresse plus particulièrement à leurs évolutions dans le temps au travers de ces deux services d’observation, en surface et dans la colonne d’eau. J’ai d’ailleurs participé à la mission internationale SWINGS de janvier à mars 2021, dont le but était de mieux comprendre la séquestration du CO2 atmosphérique dans l’océan. Parallèlement à ma thèse, depuis un an et pour une durée de 3 ans, j’enseigne à des Licences (L1 et L3) et des Master. J’assure au minimum 64h de cours par an et souvent en binôme avec Céline Ridame (enseignante-chercheure au LOCEAN-IPSL) dans le cadre de cours/TD de biogéochimie marine. Cette année, j’ai principalement été responsable de TD sur l’orientation et l’insertion professionnelle (en L1 et L3), en conseillant les étudiants dans le choix de leur licence et master, dans la rédaction de leur CV et lettre de motivation pour candidater à des stages.   Pourquoi la recherche ? Une évidence, le hasard ? Bien que n’étant pas issue d’une famille de scientifiques, j’ai toujours été très intéressée par la science en général et par la découverte, l’aventure. Il fallait que je tombe dedans de toute façon, c’est fait ! Plus les années passent, plus je me dis que c’est une évidence !   Votre métier en trois mots Observation : le but des campagnes en mer est d’obtenir des données pour observer Interprétation : regrouper les données, comprendre les mécanismes Transmission : partager mes recherches dans des publications scientifiques, échanger à l’occasion de colloques et conférences, participer à des actions scolaires et grand public comme la Fête de la Science   Si votre travail était un objet, ce serait quoi ? Sans hésiter, un échantillon d’eau de mer, qui provient de l’eau récupérée dans les bouteilles Niskin sur la rosette. C’est le point de départ de tout mon travail, de mes études sur le CO2. Pour le commun des mortels, il n’y a que de l’eau dans un flacon. Pour nous, océanographes, ce flacon est la plus précieuse des ressources. D’ailleurs, le plus beau des cadeaux que j’ai pu recevoir lors de mes campagnes, c’est un échantillon d’eau de mer profonde (5 800 m, cette année sur SWINGS). La rosette et ses bouteilles Niskin d’où les échantillons d’eau seront prélevés @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Prélèvement de l’échantillon d’eau sur la rosette @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Les fameux échantillons @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Une anecdote de campagne Cette année sur SWINGS : réveillée à 3 h du matin par la sonnerie de mon téléphone de cabine puis par des coups tambourinés à la porte « Coralineeeee ! Habille-toi ! Sors maintenant ! Aurores Australes ». Le plus beau des réveils ! Aurores australes @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Comment voyez-vous votre avenir après la thèse ? Après obtention de mon doctorat, normalement en 2022, j’aimerais continuer à travailler dans le même domaine de recherche en tant que post-doctorante pendant environ 5 ans, de façon à approfondir les résultats de mes recherches et à en découvrir de nouveaux, faire de nouvelles rencontres scientifiques, en France ou ailleurs. Etant donné mon attrait pour l’enseignement, d’ici à 10 ans je souhaiterais être enseignante-chercheure, même si je sais que les postes ne sont pas nombreux. Si je ne trouve pas de poste, je pourrais devenir ingénieure pour continuer à évoluer dans la recherche. Sinon, étant donné que j’adore l’enseignement et partager avec les jeunes, j’irais volontiers travailler en collège ou en lycée comme professeur de Physique Chimie.   Votre mot de la fin J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours d’étudiante de côtoyer tôt l’océanographie depuis mon stage de L3. Tous les étudiants n’ont pas cette opportunité et, cumuler 5 grandes campagnes en mer en seconde année de thèse est très rare. J’ai aussi eu la chance de pouvoir débarquer sur Crozet et Kerguelen et de voir d’autres îles subantarctiques et polaires comme Heard. J’en suis vraiment heureuse ! Débarquement du Marion Dufresne en direction de l’archipel Crozet @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Au large de l’île subantarctique australienne Heard @ C. Leseurre, LOCEAN-IPSL   Contact : ICom, service de communication IPSL,