Alors que l’épidémie de Covid-19 faisait rage et s’étendait à l'ensemble de la planète depuis janvier 2020, l’instrument IASI qui surveille la composition de l’atmosphère depuis 2007, pouvait observer une chute des niveaux de pollution. Cette diminution est liée à la mise en quarantaine totale ou partielle de plusieurs villes ou régions.

En effet, les principales sources de polluants sont liées au trafic routier et aux émissions industrielles, et dès lors les régions affectées et leurs alentours montrent une qualité de l’air meilleure, comparée aux années antérieures.

Après le NO2 observé par le satellite S5P, ce sont maintenant les cartes du monoxyde de carbone (CO) observé par la mission IASI qui démontrent que au mois de février 2020, les concentrations en gaz ont diminué de 10 à 45%, dans toute la région entre Wuhan et Beijing par rapport aux années antérieures. Et dans une moindre mesure, on détecte aussi l’impact du confinement dans le nord de l’Italie, même si la période étudiée plus courte (4 jours) rend l’analyse plus difficile.

« Nos cartes quotidiennes obtenues à partir des données satellite montrent que la Chine est le pays qui émet le plus de polluants. La période hivernale est propice à la pollution atmosphérique car les centrales à charbon tournent à plein régime et émettent du CO en masse, un gaz incolore et inodore qui persiste plusieurs semaines dans l’atmosphère et peut donc se déplacer sur des centaines de kilomètres, porté par les vents. Mais cette année durant le mois de février, et pour la première fois depuis 2008, nous observons une diminution significative des polluants dans toute la Chine du Nord. C’est aussi le cas dans la vallée du Pô. Sachant qu’on estime qu’en Chine le nombre de décès par an associé à la pollution approche le million, peut-être que ça permettra d’éviter une partie des décès cette année ? »

L’instrument IASI surveille la composition de l’atmosphère depuis 2007, et vole à bord des 3 satellites européens Metop. Chaque instrument IASI fournit plus d’un million d’observations chaque jour, à partir desquelles l’équipe de chercheurs et d’ingénieurs du LATMOS-IPSL fournit des cartographies pour une trentaine de gaz, chaque jour. Le cœur de l’instrument est un spectromètre à transformée de Fourier qui enregistre le rayonnement infrarouge émis par la surface de la terre. Quand ce rayonnement traverse l’atmosphère, il interagit avec les molécules qui se trouvent sur le trajet entre le sol et le satellite. Comme chaque gaz possède une signature spectrale spécifique, les passages successifs du satellite permettent de surveiller depuis l’espace les gaz qui se déplacent autour du globe.

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